Expé en Chartreuse



Chartreuse, la Dent de Crolles.


Dimanche 5 juin 2005
 
Après un voyage depuis la Belgique sans histoire, l'équipe arrive en ordre dispersé au gîte. Superbe vue donnant sur les montagnes, nous sommes à deux pas de Grenobles et du massif de la Chartreuse. La Dent de Crolles domine notre camps de base bien douillet et surtout équipé d'un lave-vaisselle. Ouf! Pour le SSB Couvin, nous sommes deux: Jean-Luc Henrard et Denis Magniette. Les Troglodytes sont également deux avec Michel Stenuit, dit le Chef, et Christian Lombart accompagné de son épouse Isabelle qui assurera nos arrières en notre absence. Nous sommes bientôt rejoint par Titi Croisiers qui a préféré la moto pour rallier l'expé. Sa présence est primordiale car c'est grâce à lui que nous disposons d'une pompe à bierre Jupiler !

Confort du gîte

Cette première journée de dimanche est consacrée à une reconnaissance sur la Dent de Crolles, histoire de repérer l'entrée du P 40 et la grotte Anette. Quelle différence avec l'année dernière où nous étions venus sur la dent, à Pâques, en compagnie des Suspendus. La neige, alors, recouvrait encore tout le massif. Cette fois le soleil est bien là et au-dessus de la Dent, il ne subsiste plus que quelques névés. Mais il faut d'abord se taper le célèbre et pentu Pré qui tue dont il est inutile d'expliquer l'origine du nom.

Le Pré qui tue                     Le Trou du Glaz - accès par le célèbre "Pré qui tue"

C'est au milieu de nombreux randonneurs en goguette que nous repérons l'entrée du P 40, point de départ d'une des traversées mythiques de la Dent de Crolles. Après de longues recherches et grâce au feeling de votre serviteur, nous parvenons également à trouver la grotte Anette. Puis nous décidons d'effectuer le tour complet de la Dent. En fin de journée, nous reviendrons au gîte avec plus de 1 000 m de dénivellé dans les pattes.

Rando sur la Dent

Mal protégés des rayons du soleil, plusieurs d'entre-nous arborent, en outre, un superbe teint rouge écarlate. Un bon apéro joyeux au gîte permet d'oublier tous nos petits bobos.
 
Lundi 6 juin
 
Première journée spéléo avec au programme la traversée Glaz-Grotte Chevalier.Après la marche d'approche d'une heure trente, nous pénétrons dans le Glaz qui a la particularité d'abriter une grande stalagmite de glace non loin de l'entrée.  (NDLR: à l'origine, la cavité s'appelait d'ailleur Glagla, à cause du froid. Mais la dénomination a changé pour un Glaz plus sobre). Les premiers puits sont descendus. Petit moment d'angoisse en voyant coulisser la corde en rappel et tomber à nos pieds à la base du puit. Nous traversons en effet en rappel de corde. Il n'est donc pas question de se tromper dans le cheminement, sans quoi nous serions condamner à errer comme des âmes en peine dans l'immense labyrinthe que constitue la Dent (gâtée) de Crolles. Pour plus de sécurité, nous sommes munis de topos en quintuple exemplaires, de réserves de cordes, de nourriture et de carbure. Entre les puits, quelques méandres sympathiques rendent la progression plus difficile mais on avance. La course est qualifiée de moyennement difficile selon les topos. Le groupe perd un peu de temps pour trouver la sortie car les galeries sont énormes et partent dans tous les sens. Finalement, on la trouve au bout d'une galerie remontante et au milieu d'un éboulis très instable. Nous étions rentrés dans la grotte à 11 h 30, il est près de 20 h. Ce n'est pas fini. Du flanc de la montagne, il faut redescendre durant 1 h 30 au pied de la Dent par un méchant petit sentier exposé aux cailloux dévalant du dessus. Sur la fin, le chemin se fait très pentu. les doigts de pied s'écrasent dans le fond des bottes pendant que les genoux dégustent. Ce soir, personne n'ira coucher tard après un apéro et un repas bien mérité. La longue traversée P 40-Le Glaz était prévue le lendemain. Mais vu l'état des troupes, il est prudemment décidé de se contenter d'une via-ferrata.
 
Mardi 7 juin

Matinée cool. Michel veut racheter une paire de bottes. Les siennes étaient neuves mais elles se sont déchirées dans la cavité d'hier. Pas très solides ces machins-là alors que cela coûte une fortune. Dans le catalogue, on découvre que le caoutchouc reste fragile les six premiers mois. Alors quoi, faut faire de la spéléo en pantoufles pendant six mois en attendant que le caoutchouc durcisse? Pendant ce temps-là, Christian recolle la semelle de ses godasses qui ont aussi morflé dans la grotte.
L'après-midi est consacrée à la via ferrata de Saint-Hislaire du Touvet: 600 m de dénivellé à côté d'un antique funiculaire.

Via Ferrata St Hylaire : La directe !

La première partie est relativement aisée mais la deuxième partie, par le grand dièdre, se révèle beaucoup plus physique et aérienne. La sortie s'effectue par l'échelle de l'enfer, face au vide. gloups! Au sommet, on débouche sur le plateau. L'apéro du soir nous attend.


Mercredi 8 juin

C'est la journée de repos. Tout le monde se lève tard. Pour midi, on décide d'un big barbecue. Après avoir quasi mis le feu au village, les saucisses et autres brochettes cuisent enfin sur les braises. La journée se déroule paisiblement au son des bouteilles de vin que l'on débouche joyeusement.

Jeudi 9 juin

A la place de la traversée P 40 - Le Glaz, nous optons pour une boucle dans le Glaz seul. La raison : personne, semble-t-il, n'avait envie de se taper les presque 3 heures de marche d'approche jusque là haut. Nous avons eu raison car le portage jusqu'à l'entrée du Glaz est agrémenté par le gazouilli joyeux d'un groupe de filles qui se balade sur le même sentier que nous. Cela tranche singulièrement avec les gros bouseux spéléos puants  que l'on a l'habitude de croiser dans les cavités. A l'entrée du Glaz, nous nous faisons un plaisir d'expliquer à ces demoiselles tous les dangers qui nous attendent à l'intérieur. Hélas, aucune d'entre-elles ne veut nous accompagner. Encore raté!
Nous nous enfonçons dans le massif pour une huitaine d'heures de spéléo. Une des galeries est poétiquement appelée la galerie des Champignons en raison de petits monticules blancs sur le sol. Personnellement, j'y vois plutôt des fientes de mouettes qui ont bouffés du poisson pas frais, ce qui provoque une réaction outrée de mes compagnons de sortie. Autre curiosité: pendant la descente, le chef se prend une pierre sur le derrière, à la base d'un puit. On se demande toujours comment il a réussi cette figure. Soit, on sort de la cavité vers 20 h pour un retour au gîte où nous attend une paëlla.
 
Vendredi 10 juin

Pour le dernier jour, la décision est prise de grimper la via ferrata de l'Alpes d'Huez. Sur la route de la montée, nous tentons d'éviter les hordes de cyclistes en short fluo qui ont acheté la route et méprisent les automobilistes. Titi a préféré monter à moto et assiste à l'arrivée de huit hélicos sur l'héliport de la station. <C'était le Vietnam>, nous confie-t-il, la peur encore perceptible dans sa voix. Nous cassons la croûte au soleil au milieu de la montagne. Au menu : pain, fromage, rilettes et un peu de pinard, Géraaaard!



 La via est agréable, sur le flanc d'une falaise au milieu du domaine skiable. Contrairement à d'autres voies, les concepteurs ont évité le placement de quincaillerie inutile. Il faut parfois chercher les prises et c'est ce qui fait l'attrait de cette via. Après une heure trente, nous sommes tous au sommet. Tous? Non, la batterie de l'appareil numérique de Michel a préféré se jeter dans le vide dans la via ferrata pour s'écraser 100 m plus bas.

Via Ferrata Alpes d'Huez

Pour se consoler de ce drame, on recasse la graine au soleil avant d'être entouré par un troupeau sanguinaire de brebis nymphomanes. Nous sommes fait ! Heureusement, la horde sauvage s'éloigne en nous laissant terrorrisés sur notre banc. Ces monstres nous ont-ils vu?

La montagne : la détente loin des foules !

Lors de la redescente dans la vallée, nous effectuons un crochet bibitif à Bourg d'Oisans puis c'est le retour au gîte. Ce soir, c'est fête, puisque votre serviteur se charge de cuisiner sa délicieuse et célèbre omelette. Le lendemain, après le nettoyage du site, il est temps de reprendre la route pour la Belgique. Bon sang, que cette semaine a encore passé vite.
 
Votre serviteur !

Rédacteur : Jean-Luc HENRARD 
Photographies : Michel STENUIT

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